2005-2010
Love me tender
Flac. J’ai lu Flac1. Et je l’ai pris dans la gueule.
Il en est sorti une image, une bouche ouverte comme une écoutille, une respiration, un cri, un chant, un râle, une aspiration, une expiration, une inspiration. Une invitation à y pénétrer, à y remonter le cours du temps, à la recherche de l’origine du monde, à notre origine, à notre être le plus intime.
Délicieuse et terrifiante, enivrante, sensuelle, irrésistible.
J’ai plongé dans cette bouche fascinante et en est sortie à son tour une logorrhée d’images : la digue était rompue.
Clair-obscur, du noir absolu vers la lumière. Nette, claquante, impitoyable, trop vraie parfois pour être identifiable, l’image met notre cerveau en déroute.
L’image parle à l’âme.
Si le regardeur fait le tableau,
Qui es-tu, toi qui me regarde?
Tabou. J’ai touché au tabou.
Las du rejet, j’ai décidé de plaire.
Je croyais que le nu féminin plaisait, poncif de l’art de tous les temps. Mes nus cosmiques ont semé l’effroi.
J’en ai pris le contrepied, l’infiniment grand, la lumière, la couleur, l’image pieuse, l’image que tout le monde aime : le coucher de soleil.
Du décès de mon père à un amour naissant, les couchers de soleil de l’île de Ngor ont été les rimes de mes émotions, le poème de mes sentiments.
Plus tabou encore que le vagin, le coucher de soleil est une image formellement interdite en art contemporain.
Aux Antipodes… J’ai fait le malin. Je me suis cassé la pipe.
Deux fois! Een ezel stoot zich geen twee keer aan dezelfde steen.
Et je suis parti aux antipodes, là où les gens ont la tête en bas et les pieds en l’air.
J’en fais des images simples, ordinaires, pragmatiques, académiques, décoratives, BCBG, dans l’air du temps.
Marchez dessus, ce n’est pas un blasphème, c’est un plaisir (aux antipodes) et lisez les titres, souriez-les, ne vous ennuyez plus : je ne revendique rien.
Je suis peintre du dimanche.
Amitiés à tous
Fabien de Cugnac
23-02-2010
1 Flac, roman, Serge André, Éditions QUE, France, 2001